Lorsqu’il y a 15 ans je suis arrivée à A.I.M.E.R. comme bénévole, je ne connaissais rien du monde des enfants de la rue. Au vu des informations, photos et surtout témoignages envoyés par les responsables des foyers auxquels l’association apportait son soutien, j’ai pris alors conscience de l’étendue de ce terrible mal qui n’épargne aucun continent et notamment l’Afrique.
Mais, naïve sans doute, je pensais, du moins j’espérais, qu’avec le temps et les bonnes volontés qui s’investissaient sans relâche, le mal pouvait non pas être éradiqué, mais au moins s’atténuer. Quelle erreur ! C’était sans compter l’explosion de la misère due, en partie, à la crise économique mondiale, mais aussi à la multiplication des catastrophes naturelles et des conflits armés qui jettent sur les routes des milliers, voire des millions de déplacés.
Dans cet environnement impitoyable, le nombre d’enfants qui n’ont d’autre solution que d’échouer dans la rue pour essayer de survivre ne fait qu’augmenter. Dans la rue, ces exclus sont en grand danger : violence, drogue, prostitution les guettent à chaque coin de rue. Il faut agir vite, leur tendre la main, même s’ils ne se laissent pas facilement approcher, pour leur redonner confiance et espoir.
Lorsqu’un enfant a décidé de rejoindre un centre d’écoute, un foyer, un premier pas est fait dans sa réinsertion, même si le chemin à parcourir est encore long et semé d’embûches. La grande majorité des enfants accueillis a envie de s’en sortir. Tout est mis en œuvre pour qu’ils réussissent. Alors que bien souvent, notamment en Afrique, la scolarité est payante – ce qui laisse sur le bas côté de la route beaucoup de jeunes sans ressources – ils vont pouvoir être accompagnés dans leurs études ou leur formation professionnelle. Et les résultats sont là : réussites scolaires, mais aussi réussites professionnelles avec l’entrée sur le marché du travail pour ceux qui auront choisi un métier.
Régulièrement A.I.M.E.R reçoit des témoignages de jeunes qui ont tiré un trait sur leur triste passé et ont retrouvé confiance en soi et dans la vie. Ces témoignages et les visites sur le terrain de bénévoles montrent que tout n’est pas perdu. Aujourd’hui après quinze ans de bénévolat, je sais ce qu’est le monde des enfants des rues et cela me donne encore plus de courage pour m’investir auprès d’A.I.M.E.R. et apporter ma modeste contribution au sauvetage de ces enfants perdus.
Sur le terrain, il y a encore beaucoup de travail à accomplir. A.I.M.E.R. reçoit beaucoup d’appels au secours qu’elle ne peut malheureusement pas satisfaire. Pourtant, les bonnes volontés ne manquent pas. Sur place, volontaires et éducateurs restent mobilisés. Et vous, donateurs, avez toujours répondu présents.
Collette Menguy
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