Dans certains films d’aventure, nous avons tous le souvenir de la personne innocente qui tombe dans un piège dont elle ne peut pas sortir seule : le trou est profond, les parois sont lisses et toute tentative pour se hisser semble vouée à l’échec. Heureusement, le héros n’est pas loin et vient à libérer le prisonnier.
Chez les partenaires d’A.I.M.E.R, la situation des jeunes peut ressembler à cet épisode. Ils se nomment Daouda, Toky, Raju Kumar, ils sont Guinéen, Malgache, Indien… Ils sont tous différents et pourtant ils ont un point commun : ce sont tous d’anciens enfants des rues qui ont su saisir la main qui leur était tendue. Peu à peu, grâce aux éducateurs qui leur ont redonné confiance, ils ont été scolarisés et ont acquis un métier. Reste maintenant un dernier obstacle à franchir : trouver un emploi afin d’assurer leur totale autonomie. C’est là que tout se corse. Malgré leurs diplômes et formations professionnelles, parfois en raison de leur passé – la société se méfie d’eux – ils ont beaucoup de mal à trouver un emploi.
Là encore face à ces situations difficiles, les responsables des projets ne vont pas baisser les bras et vont essayer de trouver une solution à ce délicat problème. D’autant que beaucoup d’entreprises – c’est notamment le cas en Guinée (Foyers Saint-Joseph) – n’hésitent pas à embaucher ces jeunes comme stagiaires pendant plusieurs mois, voire deux ou trois ans, avec un salaire de misère, avant de s’en séparer. Néanmoins, certains ont pu être embauchés avec un salaire décent, leur permettant de commencer une nouvelle vie
En Inde, Ashalayam Lucknow a créé sa propre cellule de placement avec l’appui de ses partenaires : entreprises, ONG, structures publiques… Cette cellule aide aussi les jeunes qui veulent démarrer leur activité en leur permettant d’acheter des outils ou d’obtenir des prêts.
Ce problème d’insertion professionnelle est aussi ressenti au centre NRJ (Madagascar) qui remarque que, n’existant pas de « catalogue » précis des emplois à pourvoir, les formations ne sont pas toujours adaptées. Des rencontres avec des entreprises sont mises en place afin que les jeunes prennent connaissance du monde de l’entreprise. Le Centre n’hésite pas à embaucher des « anciens » comme formateurs.
Toujours à Madagascar, Enfants du Soleil a mis en place « l’annuaire des formations et des métiers ». Après la mise en place du « contrat jeune majeur », les équipes éducatives doivent suivre la formation des jeunes et leur intégration dans la vie active malgache.
Des initiatives se mettent peu à peu en place, un peu partout, pour aider les jeunes à entrer dans le monde du travail. Mais le chemin à parcourir est encore long. Nous faisons le constat que la formation est indispensable, mais insuffisante et inefficace si le monde de l’entreprise ne fait pas confiance à cette jeunesse. Faire appel à un jeune qui va exercer son savoir-faire enrichira tout le monde : l’entreprise, la société et le jeune qui pourra construire un projet de vie à partir de son métier et de cette réussite. Par le biais de ce travail, il sera reconnu comme un maillon utile dans le cycle économique et indispensable pour l’équilibre de la société.
L’Association exhorte les décideurs politiques et les responsables économiques à devenir des « héros » par le recrutement de cette jeunesse qui veut sortir du piège du chômage et de l’oisiveté forcée et mortifère.
Colette Menguy
Gilbert Magnier
Article extrait du bulletin d’information de juin 2016.