Dans la fraîcheur matinale de la saison sèche, pieds nus et en haillons, les enfants courent sur la route à la recherche d’un bout de pain ou d’une pièce de monnaie. Par chapelets de quatre ou cinq, ces gamins ‘’ enfants des rues ‘’ sautent et virevoltent dans le vent; leur énergie et leur bonne humeur déployées sont une réponse au mauvais sort et à leur galère quotidienne.
La boîte de conserve en guise de sébile, chacun tente de recueillir du pain, du riz et parfois si la chance sourit un morceau de poisson ou de viande cuisiné par la ménagère postée sur le pas de sa porte. Et si cette chance est totale, une pièce de monnaie sera le cadeau royal de la journée.
La rue est le lieu de travail en journée et bien souvent celui pour y dormir la nuit. En cette matinée l’enfant est à l’affût et recherche toute opportunité pour rendre service en échange d’une gratification ; chacun a sa tactique et connaît l’endroit qui portera chance : un carrefour, une station d’essence , une entrée d’un grand magasin alimentaire , un marché …
La proposition d’une aide : porter les sacs, garder ou laver la voiture, cirer les chaussures … tout est bon pour obtenir cette gratification qui permettra de combattre la faim qui tenaille le ventre. Le regard n’implore plus la pitié, tout simplement il questionne l’interlocuteur : pourquoi n’ai-je pas droit au même régime que les autres enfants éduqués dans leur famille ?
Pourquoi ne puis-je pas accéder à une vie simple : une famille, un toit, un lit et la douce affection de mes proches ? Suis-je maudit et pourquoi ?
Dois-je penser que ma vie à peine débutée sera pire que celle des bêtes de somme qui elles, peuvent se satisfaire du respect de leur propriétaire.
Si je suis ‘’ un PETIT D’HOMME ‘’,je demande à vivre debout et non en rampant et en quémandant une bientraitance qui devrait être naturelle.
La qualité d’un pays peut se mesurer à ses avancées technologiques ou à ses œuvres artistiques. Pour nous, membres d’ A.I.M.E.R, la qualité de l’éducation de ses enfants et leur respect dans les droits fondamentaux sont aussi un baromètre du « climat civilisationnel de toute nation ! »
Gilbert Magnier
Article extrait du bulletin d’informations de Mars 2017