UNE ETOILE DOIT VEILLER SUR LUI

Un beau sourire, de beaux yeux… Voici Lopez, à peine une dizaine d’années. Un jour, un passant intrigué par cet enfant, recroquevillé au carrefour près de la Voix du Cœur (Centrafrique), vient signaler sa présence :
« Il y a au carrefour Boganda un enfant mort… ».
Le directeur revient rapidement avec cet enfant inerte dans ses bras. Lopez est dans le coma : la drogue, cette drogue qui fait oublier, rêver. Cette drogue qui tue doucement. Il faudra des soins, du temps, beaucoup de temps pour que Lopez sorte de son sommeil.
Comme c’est bientôt la rentrée, Lopez est inscrit à l’école. Chaque matin, il quitte le Centre. Un soir, pas de Lopez. D’après ses copains, il se serait endormi sous les manguiers. Quelqu’un aurait-il pris son sac d’écolier?

A-t-il eu honte ? Peur de revenir au Centre sans cahier ? Son absence a duré quelques mois.
Un jour, c’est le retour. Un nouveau départ dans la vie, des promesses de ne plus fuir… Mais une fois encore, l’appel de la rue, un désir de “liberté“, de faire ce que l’on veut, quand “on veut“ est le plus fort. Lopez a rejoint ses copains. Je le cherche à pied, en voiture, je sillonne les quartiers du centre-ville, interroge les uns, les autres, sans succès.
Un matin, voici Lopez, assis dans un caniveau. Plein de remords, décidé à reprendre sa vie d’interne au Centre. Un passage à la maison. Une bonne douche, un petit déjeuner, de nouveaux vêtements.
Un peu inquiète, je me présente avec lui au Centre. Comme un enfant prodigue, il est accueilli par le directeur et par ses copains heureux de le revoir. En le quittant, je me dis : « Pour combien de temps ? Laissons-lui une fois encore la chance de s’en sortir ».
Une nouvelle année scolaire reprend. Lopez aurait-il choisi de changer ? Des mois passent… Lopez est toujours là, l’espoir revient. Mais un jour, ses copains me disent : « Lopez a fui ». Un besoin de drogue plus fort que tout et c’est la descente. Il n’est plus Lopez, mais “Le colonel“.
Toujours accompagné de copains, il va d’un quartier à l’autre… triste, drogué, amaigri, déguenillé. Il passe de temps en temps au Centre pour des soins, un repas… puis repart. C’est un ado maintenant. Dans la rue, un chiffon en mains, il se propose pour laver la voiture. Il me suit dans les magasins, se fait chasser par les gardiens, mais il est là, fidèle. Lorsque je ne le vois pas pendant quelques jours, je m’inquiète. Pendant les événements il avait disparu. Il est de plus en plus rare à la Voix du Cœur.
Que dire, que lui donner ? Un peu de tendresse, quelques mots, un sourire.
Colonel continue sa route, de jour comme de nuit, dans la rue.

Une « étoile » doit veiller sur lui. Mon espoir, que cette étoile lui montre un jour, à nouveau, le chemin du Centre !

Sœur Thérèse (dite “ Sœur bonbon“)

En 2017, A.I.M.E.R soutient financièrement 27 projets en faveur des enfants de la rue dans 16 pays : Bangladesh, Bénin, Burkina-Faso, Cameroun, Centrafrique, Colombie, Guinée, Haïti, Inde, Madagascar, Maroc, Philippines, République Démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal et Tchad

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