C’était il y a près de 20 ans déjà ! (décembre 1999). J’allais quitter un métier passionnant : journaliste, pour entrer dans un monde qui m’était totalement inconnu, mais qui allait prendre une énorme place dans ma vie de « jeune » retraitée : celui des enfants de la rue… Un monde où les enfants – même les plus jeunes – je me souviens du jeune Pascal, un bébé de quelques heures découvert par Petit Léon au Burkina Faso – sont confrontés à la guerre, l’extrême pauvreté, la maladie, les violences de toutes sortes, la mise à l’écart avec, comme seul refuge le plus souvent, la drogue pour « oublier ».
Mais un monde aussi, où la solidarité n’est pas un vain mot. Depuis 25 ans, A.I.M.E.R. apporte son soutien à de nombreux projets – 25 aujourd’hui dans 15 pays afin que ces enfants laissés sur le bord du chemin puissent trouver leur place dans la société.
Au fil des ans, les responsables des projets ont pris conscience que loger, nourrir, soigner, scolariser les enfants accueillis ne suffisait plus. Qu’il fallait aller plus loin. Comment ? En donnant à ces enfants déracinés la possibilité de se former à un métier afin de pouvoir gagner leur vie en restant dans leur pays, et non pas en espérant trouver fortune ailleurs.
Cela doit fonctionner, même si le chemin à parcourir est jonché de nombreux obstacles qu’il faut franchir un à un. Des formations aux métiers de mécanicien, couturier, agriculteur, pêcheur… sont mises en place avec succès. Certains enfants vont plus loin et accèdent aux études supérieures et deviennent professeurs, informaticiens, infirmiers, vétérinaires, médecins. Les résultats déjà acquis montrent que nous sommes sur la bonne voie et nous encouragent à garder espoir et à faire encore plus.
Autre changement important, la recherche et la mise en place d’activités génératrices de revenus, maraî- chage, pisciculture, élevage… Elles procurent non seulement un supplément de nourriture pour les en- fants, mais aussi des ressources financières grâce à la vente de ces produits.
Durant ces années, j’ai aussi apprécié les échanges – merci Internet – avec les responsables de nombreux projets au Burkina Faso, au Cameroun, en République Démocratique du Congo, à Madagascar, à Haïti, au Sénégal… Je ne peux tous les citer. Des échanges riches qui permettent de mieux mesurer l’énorme travail de tous sur le terrain.
Vivement appréciées aussi les rencontres à Paris avec ceux qui ont pu se déplacer et venir nous parler de leur quotidien pas toujours rose : Sœur Thérèse (Centrafrique), Daniel Giraudon (Rwanda), Père Stir- nemann (Guinée), Father Anthony (Inde), Emmanuel Sarr (Sénégal), Ehsan Merangais (Afghanistan) ou encore Dominique Lemay (Philippines).
C’est avec beaucoup d’émotion que je vais les quitter ; ils étaient devenus « des amis », mais je continuerai à suivre de près la vie d’A.I.M.E.R. qui, j’en suis sûre, pourra toujours s’appuyer sur ses fidèles donateurs pour poursuivre ses actions auprès des enfants des rues.
Colette Menguy